logo_abbeville-passionTRANSPARENT.png

Recherche
 
Fermer
Patrimoine
Histoire
Les Rues
Visites

 1004730 visiteurs

 13 visiteurs en ligne

Lettre d'information
Pour avoir des nouvelles de ce site, inscrivez-vous à notre Newsletter.
nhx5fB
Recopier le code :
67 Abonnés

BANNIERE-Bibliotheque.png

123.png

logo_lien_abbeville.gif

logo_lien_Club_max_Lejeune.gif

LA BATAILLE D'ABBEVILLE

28 MAI 1940 – 04 JUIN 1940

Texte extrait du premier spectacle Abbeville la Déchirure d'octobre 2011
Tous droits de reproduction complète ou partielle de ceux-ci sont réservés.
Une autorisation de diffusion a été accordée au site Abbeville-passion.fr pour la diffusion par les ayants droits du spectacle.

       Dunkerque: voici le nom d’une ville associé à une bataille à jamais gravée dans les mémoires et les manuels d’histoire.
Une autre ville a pourtant, elle aussi donné son nom à une bataille.
Aucun manuel n’en fait référence, à croire qu’elle a été effacée de la mémoire collective.
Elle n’a mis en avant  aucun homme politique, n’a donné aucun héros militaire.
Elle a eu le désavantage de se dérouler durant une autre bataille et de finir par une défaite.
Elle a été le plus gros engagement en nombre de chars et ce jusqu’à la bataille de Russie.
Elle a fait des milliers de victimes parmi les combattants des deux camps,
Mais elle a bien eu lieu, pas très loin d’ici : c’est LA BATAILLE D’ABBEVILLE
       Le 13 mai 1940 le Général GUDERIAN et ses chars ont franchi la frontière française à Sedan. L’objectif principal est de rejoindre la mer par Abbeville afin d’encercler au nord de la France les troupes françaises et anglaises. C’est le coup de Faux.
L’infanterie mécanisée allemande poursuit son avancée le long de la ligne WEYGAND, c'est-à-dire le long de la Somme.
Le 20 mai 1940, Abbeville est atteinte et aux environs de 20 heures les premiers soldats allemands sont à ST VALERY et au CROTOY.
Alors que les Panzer poursuivent leur route vers Calais, la deuxième partie des forces d’invasion se met en place.
Il s’agit de la deuxième Division Motorisée.
Les canons de 155 se mettent en position sur la rive droite de la Somme.
Ils sont chargés de protéger les fragiles positions de la tête de pont allemande qui va se mettre en place sur la rive gauche, c'est-à-dire sur les monts Caubert.
Deux de ces canons seront d’ailleurs positionnés sur la commune de Vauchelles, dans les champs à droite, entre l’autoroute et la route d’Amiens.
Dès le 21 mai, les premiers éléments d’invasion arrivent dans Huppy.
Vers 13 heures un premier side-car recherchant des soldats français ayant fui devant l’avancée  des troupes allemandes rentre dans le village.
Le 25 mai, d’autres soldats investissent la commune.

Soudain, le 27 mai vers 05h00 du matin, l’enfer commence à se déchainer.

L’attaque anglaise débute et se concentre vers Huppy.
Cela commence par des tirs de l’artillerie française et anglaise destinés à protéger l’attaque des chars anglais.
Des centaines d’obus sont tirés vers le village.
Les canons allemands positionnés derrière le parc du château sont pris pour cible.
Le principe de l’attaque anglaise était pourtant simple.
Elle doit débuter par des tirs d’artillerie pour protéger l’avancée des chars.
Alors que les chars foncent sur Huppy, ils reçoivent soudainement l’ordre de stopper pendant une heure pour attendre un soutien supplémentaire de l’artillerie française.
Les chars du 10ème Hussards n’entendent pas cet ordre et c’est sans aucune protection qu’ils attaquent seuls.
Le bilan est donc très lourd, le régiment est décimé.
L’attaque reprendra une heure plus tard.
Croyant n’avoir à faire qu’à des fantassins, les anglais sont soudainement pris sous le feu des canons anti-char allemands, les Pak 37.
Manquant totalement d’expérience, les chars ralentissent, vont même jusqu’à s’arrêter afin de  repérer l’origine du tir et pouvoir viser correctement.
Ils sont alors littéralement transpercés par les obus perforants de calibre 37 mm.
Perçant sans soucis le faible blindage , ils tuent bon nombre d’équipages britanniques.
Le bilan de l’attaque anglaise se solde donc par un échec.
N’exploitant pas au maximum les capacités d’agilité et de vitesse de leurs engins et obéissant
aveuglément à un règlement militaire trop strict sur l’utilisation des blindés, les anglais perdent alors énormément d’hommes et de chars.
Au soir de la bataille ce 27 mai, la route menant à Huppy ne sera plus qu’un cimetière de carcasses de chars détruits.
Sur les 180 chars, tous types confondus engagés dans la bataille, 120 sont perdus, 65 sont irrécupérables et 55 sont jugés comme réparables.
Le colonel WOLF, qui commande une unité de défense aérienne arrive en fin d’après-midi de ce 27 mai. Composée de quelques tubes de 20 mm, son unité est principalement dotée de canons de 88mm qui font des ravages parmi les blindés français. Ils sont au nombre de 12.
Le convoi arrive d’Hesdin, contourne Abbeville par le boulevard de la république et atteint de suite le mont Caubert.
Wolf met immédiatement ses canons en place. Afin de pouvoir les identifier plus facilement lors des échanges radio, chacun porte un nom.
"ANTON" et "BERTA" sont positionnés sur le mont Caubert.
"DORA "et "CESAR " sont mis en place à Villers sur Mareuil. 
Les autres sont positionnés en divers point le long du champ de bataille.
L’accès vers le mont Caubert est ainsi verrouillé.
La puissance de feu de ces canons est impressionnante.
Ils sont capables de percer 6 centimètres de blindage à 1500 mètres ce qui en fait des armes redoutables.
Ils vont faire des ravages parmi les blindés français, notamment sur les chars B1 bis.
Certaines personnes iront même jusqu’à dire que les allemands ont gagné la bataille d’Abbeville grâce à ces fameux canons.
La journée  du 28 mai 1940 s'avère riche en évènement.
Les soldats de la 57ème division d’infanterie du général Blum arrivent sur les monts Caubert
Partis de REMAGEN sur du Rhin, ils rejoignent la Somme à pied au prix de marches forcées sous une chaleur écrasante.
Ils doivent relever au plus vite les hommes de la 2ème division d’infanterie motorisée. La décision est prise de finir le trajet en camions depuis Albert afin d’être le plus rapidement possible sur les lieux de la bataille. Elle arrive dans le milieu de l’après-midi à Abbeville.
Sitôt arrivés, les soldats allemands utilisent les abris établis par leurs prédécesseurs.
La  relève se fait rapidement : La 57ème division n’a pas à installer son matériel sur le lieu de la bataille.
Elle récupère le matériel de transmission déjà installé et en échange elle donne le sien à la division partante. Il n’y a donc aucune perte de temps dans cette relève.
La journée du 27 mai s’achève sur un ordre laconique diffusé dès la fin de l’attaque anglaise :
«  la tête de pont d’Abbeville doit être réduite demain 28 » .
L’ordre d’opération en date du 28 mai est signé du général De Gaulle à 11h00 le même jour.
Il réunit alors ses officiers pour leur expliquer en détail le déroulement de l’attaque.
La réunion se termine à 13h00, le début des opérations doit commencer à 17h00.
Voilà qui laisse peu de temps pour préparer les hommes et le matériel.
L’ordre général d’opération n°12 détaille les principes des opérations de la journée.
Le point de départ de la  6ème demi-brigade équipée de chars B1 Bis se fait à partir du cimetière de Doudelainville.
Ils doivent prendre la direction d’Huppy, puis la côte 104 après Les Croisettes et finir sur les monts Caubert.
Pour toutes les autres unités, les monts Caubert sont le point d’arrivée derrière les B1 Bis.
Il s’agit alors pour la 4ème Division de Char de Combat, qui n’a pas eu le temps de se préparer, d’attaquer la 57ème Division Bavaroise qui, elle, n’a pas eu le temps de s’installer.
HUPPY demeure un gros bastion à prendre. Le village est encerclé par les canons antichars allemands et les troupes cachées derrière les haies.
De Gaulle engage alors 29 des 33 chars B1 Bis de la 6ème demi-brigade. Chaque char pèse 32 tonnes et est équipé de deux canons : 1 de 75 mm et un deuxième de 47 mm.
Ce sont près de 1000 tonnes d’acier et 100 bouches de canons qui vont monter à l’assaut du village.
La première partie de la progression se déroule bien.
Les chars sont seuls et progressent vers le village.
Les allemands dévoilent alors leurs positions en tirant avec les canons antis-chars de 37 et
75 mm.
Les coups portés aux blindés français ne font que ricocher sur le blindage et ne ralentissent en rien leur avancée.
Ce type de char est blindé sur l’avant par 6 cm d’acier. Voilà qui lui offre une très bonne protection face aux obus allemands, mais comme tout char d’assaut, son point faible reste les chenilles.
Les positions des antis-chars de l’ennemi sont réduites une à une autour du village.
La première vague d’assaut a atteint son objectif et poursuit alors sa route vers « Les Croisettes »
La deuxième vague d’assaut, emmenée par le 47ème Bataillon de Char de Combat, doit réduire l’infanterie allemande encore présente dans le village.
Cette dernière se bat toujours très farouchement et l’infanterie française ne peut encore y entrer.
Alors  que la première vague laisse Huppy en ruine, les premiers éléments blindés français poursuivent vers le carrefour des Croisettes.
Atteindre le carrefour permet alors de poursuivre parallèlement à la route pour se porter au point suivant
La progression doit les emmener  jusqu’à la côte 104, pratiquement à l’endroit où se trouve aujourd’hui une croix de pierre dans la zone des Croisettes.
Sur les 18 chars de la première vague au départ de l’attaque, seuls huit ont réussi à franchir Huppy. Certains, touchés aux chenilles, sont hors d’usage, d’autres sont tombés en panne.
.
Au soir du 28 mai, la poussée française est significative mais De Gaulle ne le sait pas.
Privé de moyens de communication avec ses éléments avancés, il n’est pas au fait des résultats de l’attaque.
Dès le 29, il installe son Poste de Commandement dans le château d’Huppy.
Aujourd’hui encore une stèle trône à l’entrée.
L’avancée des chars se fait toujours sous une grêle d’obus.
Certains blindés, à court de munitions pour leurs canons n’ont plus qu’à foncer sur l’ennemi.
Ils écrasent les pièces sous le poids du char.
Les soldats allemands ont alors une vision de l’enfer.
Ils ne voient plus que la face avant de ce char arrivant sur eux.
Rien ne peut l’arrêter.
Les petits obus de petits calibres ne font que l’effleurer.
Les balles des mitrailleuses égratignent à peine l’acier.
Il est dur de ne pas paniquer lorsqu’un tel mastodonte vous arrive dessus.
L’impact psychologique est tel sur les soldats allemands qu’ils se replient dans la débandade la plus complète.
Ce sont des hommes totalement paniqués qui reviennent dans Abbeville.
Il faudra le courage et les capacités de commandement de leur chef, le général BLUMM  pour remotiver les troupes et les faire remonter au combat dans la nuit.
Les Français ignorent à ce moment précis que le front est enfoncé. Un passage béant s’offre à eux pour rentrer dans Abbeville.
Encore une fois, privé d’informations fiables et rapides, l’occasion ne sera pas exploitée.
Les blindés français profitent alors de l’accalmie pour remettre le matériel en état et faire se reposer les hommes.
Les Allemands, eux, profitent de rejoindre les positions qu’ils avaient abandonnés, regonflés et motivés par leurs chefs. 
Le 30 mai, une dernière offensive est lancée.
Les allemands qui, la veille, étaient démoralisés, ont, dans la nuit, renforcé leurs emplacements.
L’état-major français n’en a rien su.
L’attaque lancée par les Français échouera.
Les canons de 88 remplient encore une fois avec un zèle inégalable leur fonction. Ils empêchent toute progression vers les monts Caubert.
La bataille s’enlise alors, et il n’y a pas d’issue.
La situation autour d’ Abbeville est stable depuis le 30 mai. Les allemands renforcent leurs positions sur les monts Caubert, les français essaient de combler les pertes, notamment en matériels.
L’état-major allié décide de tenter à nouveau une attaque.
Elle est placée sous les ordres du général FORTUNE, chef de la 51ème Higlands Division.
Le colonel PERRE, à la tête de la 2ème Division Cuirassée de Réserve doit attaquer à l’aide de ses chars les positions allemandes toujours sur les monts Caubert.
Il relève la 4ème DCR du Général De Gaulle.
PERRE et DE GAULLE ne s’apprécient guère.
Aucun entretien n’a lieu entre les deux hommes pour un passage de consigne.
Le principe de l’assaut du 04 juin se base sur l’attaque de front des monts Caubert.
Partis des Croisettes, à 03h30, le premier échelon des chars B1 commence sa progression vers son objectif, protégé par le tir de l’artillerie française
Ne pouvant rouler sur la route, les équipages voient devant eux une barrière végétale faite d’arbre.
Le seul point de passage est cette pâture entre les deux bois. Conformément aux ordres, les chars de ce 1er échelon, le BORDEAUX, le NICE, le  MARECHAL LEFEBVRE ainsi que le KLEBER vont être les premiers à s’engager dans ce couloir en cette matinée du 04 juin.
L’espace entre les deux bois rétrécit dangereusement.
Les chars s’engagent dans ce goulet. Il ne fait pas encore jour
Soudain, alors que les premiers blindés  sont au milieu du passage, le tir de protection de notre artillerie  s’arrête net et est immédiatement remplacé par un feu nourri de mitrailleuses, de canons antis-chars allemands.
En effet, aucune reconnaissance du terrain n’a été faite avant l’attaque.
Tout le monde pensait que le passage n’avait pas changé depuis l’attaque des chars de De GAULLE.
Entre temps, les Allemands ont renforcé leurs positions.
Tout cela, les Français l’ignorent.
L’enfer se déchaine dans ce goulet.
Les chars avancent malgré les ricochets que l’on peut entendre sur l’acier. Les balles des mitrailleuses couchent d’un coup 25 fantassins écossais qui croyaient être protégés par les chars. Les tirs viennent depuis la route de VILLERS.
Ce 04 juin, les chars reprennent le même chemin.
L’attaque sur les monts Caubert devait se faire aussi par le ravin de BIENFAY.
Les équipages méconnaissant totalement le terrain, les accidents sont fréquents, réduisant encore plus le nombre de chars engagés dans la bataille.
.Mais deux chars, le MARECHAL LEFEBVRE et le KLEBER réussissent un exploit.
René ROZAN, l’aide pilote du maréchal Lefebvre tire dès qu’il voit le départ d’un coup d’anti-char. Lucien DEVAUX, le pilote suit les traces du Capitaine FYSSIAUX à bord du Kleber
Au prix d’un courage et d’une ténacité incroyables, ces deux blindés ont réussi à franchir le feu ennemi et à atteindre leur objectif.
Le mont Caubert est là, devant eux. Il ne reste plus qu’à gravir les champs pentus pour arriver vers le camp de César.
Voici qu’alors, se découvre une vue magnifique dans l' aube qui pointe. Il est aux environs de 06h15.
ABBEVILLE. La ville est là, devant leurs yeux. Le mont est étrangement silencieux.
Les tranchées allemandes sont vides, l’épave d’un 88 est là tout près d’eux.
A bord du char c’est l’attente.
Lucien DEVAUX sort et découvre un groupe de fantassins écossais qui a suivi le char pendant l’attaque.
Ils discutent tranquillement, sans se rendre compte de l’enfer qu’ils viennent de traverser.
Ces hommes sont les héros de la bataille d’Abbeville.
Leur char fut détruit le 09 juin sur la commune de ST AGNETZ dans l’OISE.
  • L’aspirant de la Soudière, chef de char, est un homme au caractère de vainqueur, aimé et respecté par ses hommes.
  • Lucien DEVAUX, le pilote, est un homme simple. Il parlait du char B1 comme d’un camion facile à piloter. Un volant, 3 pédales, 5 vitesses. Le seul inconvénient était la visibilité. Il avait une foi incontournable en son blindé.
  • Roger ROSAN, l’aide pilote. "Il donnera à son char un panache qui mérite d’être cité :
Alors qu’ils traversent le village de ROIGLISE quelques jours avant,  il est allé chercher l’écharpe tricolore abandonnée du maire et l’a alors nouée autour de la tourelle. C’est avec ce fier étendard que le char a donné l’assaut. 
C’est plus qu’un équipage qui se trouvait dans ce char. Des liens très forts ont soudé ces hommes.
De leur exploit, personne n’en a rien appris: aucune autorité militaire n’a su que des Français avaient percé les lignes allemandes et attendu près de 3h sur le mont Caubert devant Abbeville.
Privés d’informations, de soutien par les chars et l’infanterie, ils n’ont plus qu’à faire demi-tour et rejoindre leurs arrières.
Cependant, au mois de juin 1940, ils reçoivent tous une citation du colonel PERRE pour leurs faits d’arme :
Ce 04 juin, la percée n’a pas su être exploitée par les français.
On pourra retenir de cette bataille le comportement héroïque de tous les soldats, Français comme Britanniques. Pas un n’a failli à sa tâche.
Le seul mot que l’on pourra retenir est : IMPREPARATION.

Date de création : 26/03/2017 03:23
Catégorie : -
Page lue 16683 fois

Copyright Droits d’Auteur.
Les images et les textes ne sont pas libres de droits

Si vous souhaitez utiliser une des photos ou textes présentes sur le site, n’hésitez pas à prendre contact avec nous et nous expliquer l’usage que vous comptez en faire.