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Tout commence au début du règne de Louis XIV, lorsque Colbert, ministre des finances favorise l’implantation de manufacturiers étrangers afin de bénéficier de leur savoir-faire en matière de fabrication de draps fins.
C’est ainsi qu’arrive à Abbeville Josse Van Robais en 1665, bénéficiaire d’un privilège royal. Originaire de Middelbourg, il s’installe avec une cinquantaine d’ouvriers hollandais, sa famille, son pasteur chez le Mayeur puis fonde plusieurs métiers à draps et moulins à foulons rue de l’hôtel de ville d’abord en plein cœur de la ville fortifiée. Mais les ateliers sont dispersés çà et là, parfois extra-muros.
Cependant, la manufacture ne tarde pas à devenir un des établissements industriels les plus florissants du royaume : en 1700, elle compte 1500 ouvriers permanents et 1500 fileuses occasionnelles.
En 1708, le fils de Josse, Isaac, achète un immense terrain à l’extérieur des remparts de la ville chaussée d’Hocquet et donnant sur le port afin de regrouper les ateliers. Sur ce terrain s’élève bientôt, bâtie par un grand architecte protestant de sa connaissance, la manufacture des Rames dont le nom fait référence aux châssis qui maintenaient les tissus humidifiés bien tendus.
Un magnifique portail, sculpté par le baron Pfaffenhoffen, permet d’entrer dans la cour avec tout autour les bâtiments de la manufacture.
Le portail de la manufacture :
Ce monumental portail sis chaussée d'hocquet est en pierre de refend. Les deux vantaux et son tympan sculptés par le baron Pfaffenhoffen, est peut-être le plus ancien des portails sculptés sur Abbeville
Sur ce tympan, une figure allégorique représentant la conquête de la toison d'or. On y distingue trois enfants. Celui de droite est assis sur l'encolure d'un cheval marin et tient une ancre Marine. Celui du milieu rame en rendant à la main le trident de Neptune Le troisième brandit dans sa main gauche un caducée, alors symbole du commerce. L'allégorie dans son ensemble représente l'accession de la manufacture au commerce maritime. En effet, la production de celle-ci était recherchée partout y compris à l'étranger et transitait par bateau jusqu'en Angleterre ou Hollande
L'hôtel des rames:
(photo à prendre )
C’est ainsi que l’on appelle le corps de logis central.
Le rez-de-chaussée abritait les bureaux, le premier étage le logement des propriétaires. Le deuxième étage était mansardé et situé juste sous la charpente du toit.
Bien qu’il fût achevé en 1713, le bâtiment ne put être habité qu’à partir de 1715 à cause d’un effondrement dû à des fondations insuffisantes
La disposition des pièces était faite de telle sorte que le logis put accueillir plusieurs familles. En 1718, le bâtiment comprenait quatre appartements bien distincts et les domestiques logeaient au-dessus, au deuxième.
L’hôtel fut vendu par les Van Robais en 1809 à Jean-Antoine Vayson. Celui-ci refusa à plusieurs reprises la reprise de l’hôtel par la ville qui voulait en faire une bibliothèque et un musée. A côté de cela, elle a quand même récupéré six statues aujourd’hui stockées dans les réserves du musée Boucher de Perthes en vue de restaurations et classées depuis 1985. Egalement trois grandes statues de Diane, Apollon et Mercure ont été exposées dans le jardin d’Emonville, aujourd’hui, seul Apollon reste, Diane et Mercure ont été enlevées pour être restaurées.
Les bâtiments latéraux et le jardin:
Les bâtiments latéraux servaient d'ateliers aux manufacturiers.Contre un des deux bâtiments latéraux coule un petit canal communiquant avec la Somme, qui entourait alors un magnifique jardin à l’anglaise.
Le pigeonnier:
Sous le mandat Max Lejeune, un lotissement voit le jour situé entre la manufacture et la rue Louandre, il s’agit de « Les Arcades ».
Au milieu de ce lotissement, annexe à l’ancienne manufacture, un magnifique pigeonnier carré, restauré, jadis situé au cœur de bâtiments à arcades (reproduits par les nouveaux), servant de basse-cour, écuries, ateliers, remises de fourrages et de laine, étenderies de draps.
Cette cour était séparée de l’aile ouest de la manufacture par un hangar destiné à faire sécher les draps et derrière cette cour sur un grand terrain se tenaient six rangées de rames, les rames étant les châssis qui maintenaient les tissus bien tendus afin de leur donner la largeur voulue de façon uniforme.
Mais les Van Robais vont bientôt devoir lutter contre la concurrence, aggravée par la perte de leur exclusivité en matière de fabrication.
Lorsqu’éclate la Révolution, ils ne sont pas inquiétés directement puisque « non nobles », mais l’effondrement de l’économie les contraints malheureusement à la liquidation en 1793.
Après le rachat en 1809 par M. VAYSON, puis par d’autres (M. LEMAIRE, M. RAUDOING), les rames cessent leur activité à la fin du XIXème siècle. Acheté par la ville et revendu, l’hôtel n’est aujourd’hui pas visible du public si ce n’est par le chemin du halage et le long des logements locatifs.
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