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Au Début du XIème siècle, les comtes de Ponthieu firent transporter les reliques de Vulfran dans leur capitale: Abbeville. Afin d'accueillir et de conserver ces précieuses reliques, ils décidèrent de construire un nouvel édifice. L'église dédiée à Saint Nicolas et Saint Firmin, fut détruite et remplacée par un bâtiment plus vaste et couvert de chaume.

Cette église subsista jusqu'en 1346, date de la bataille de Crécy, où le roi d'Angleterre Edouard III, alors comte de Ponthieu fit édifier un  nouveau bâtiment en 1363, fondant ainsi Saint Vulfran d'Abbeville. Cette église se situait au niveau de l'actuel chœur de la collégiale.

Vétuste, elle fut détruite au siècle suivant. Les rois de France, repassés maîtres du Ponthieu et les marchands merciers financèrent en grande partie l'édification d'une grande église en l'honneur de leur saint patron.

Mais le terrain est fort marécageux puisqu'à cette époque, un bras de la Somme passe juste à coté ( le canal marchand comblé vers 1870) et l'édification d'un tel édifice pose pas mal de problèmes. La seule solution est d'établir d'énormes pilotis, des pieux de chênes de 2m minimum enfoncés dans le sol et reliés entre eux par une sorte de mortier. Seule la création d'une dalle sur ce dispositif allait rendre la construction possible.

La première pierre est posée en 1488, puis on élève la façade et la nef. La première messe est donnée en 1524 dans une des chapelles latérales.

La légende veut que Saint Firmin, mécontent d'être mis de coté dans une tour du transept nord, décida de se détacher du reste de l'édifice. Saint Vulfran lui fit alors remarquer qu'il allait tomber dans la Somme. En réalité, c'est le sol meuble qui est seul responsable de cette tour penchée par rapport au reste de l'édifice.

Les travaux continuèrent encore quelques années mais les finances commencent dangereusement à manquer. Le chantier s'interrompt en 1539. Le mur du transept nord avec ses pierres saillantes sur le coté gauche de l'église est le témoin direct de cet arrêt brutal des travaux. 

Le chantier ne reprit que plus de 100 ans plus tard en 1661 pour construire le chœur dans un style gothique très simplifié par rapport au style gothique flamboyant très richement orné de la façade occidentale. En 1691, on pose les vitraux aux trois fenêtres supérieures de l'abside et enfin, l'église est considérée comme achevée mais il faut reconnaître qu'elle ne représente que la moitié de l'édifice initialement dessiné par l'architecte.

Elle est cependant présentée aujourd'hui comme un chef d'œuvre de l'art gothique flamboyant puisqu'elle possède les éléments caractéristiques de ce style architectural comme arcs-boutants et pinacles de part et d'autre de la nef, décor en dentelle de pierre, rosace etc.

Revenons à son histoire: pendant la Révolution en 1793, l'église devint le temple de la Vérité et de la Raison où elle subit de premiers dégâts. En effet, les révolutionnaires y grattent les fleurs de Lys, symboles de royauté sculptées à l'intérieur du portail central.

Le 8 juin 1794, on y célèbre une fête en l'honneur de l'Être suprême.

Le culte catholique y est rétabli en 1803.

En 1840, l'édifice est classé sur la liste des Monuments historiques.

De 1865 à 1890, après le comblement du canal marchand, des travaux très importants modifiant l'aspect du bâtiment sont effectués. Parmi les personnes qui ont pris part aux réparations figurent M. Voclin, archiprêtre, M. Crusel,président du conseil de Fabrique, M. Cahon, dessinateur, M. Pierre Sauvage, alors maire d'Abbeville, M. Lépinoy, sculpteur, M. Ringard, appareilleur, M. Folie, entrepreneur, M. Massenot, architecte. Une fresque les représentant figure en haut du transept nord, sur la balustrade extérieure.

En 1900, un petit bâtiment à fenêtre en ogive est élevé contre le mur de l'abside pour abriter les foyers du calorifère.

Vient la première guerre mondiale. Sentant le vent tourner, les abbevillois retirent les gigantesques portails de la façade occidentale afin de les mettre à l'abri . La collégiale ne sera que quelque peu touchée.

En 1937, on décide de consolider la tour Saint Firmin et de retirer le clocheton qui l'orne majestueusement afin de le restaurer. Celui-ci devient quelque peu dangereux à cause du penchant de la tour, les alentours sont sécurisés de par les chutes de pierre de plus en plus fréquentes.

Malheureusement, ce chantier ne sera jamais terminé.....

1939, la guerre éclate, et la tragique journée du 20 mai 1940 fait de ce magnifique édifice une ruine fantômatique. Ravagée par un immense incendie avec des flammes de plus de 80m, elle s'effondre, la nef est à ciel ouvert, les cloches fondent, le maître-autel, les boiseries du chœur, les stalles, les orgues et les deux portes latérales du XVIème siècle brûlent, les vitraux sont détruits, la porte centrale a été sauvée mais la façade n'est plus que dentelle où spectres lumineux combattent.

La longue période de reconstruction commence, elle ne s'achèvera qu'en 1998,

On ne redonne en effet la messe dans la nef qu'à Pâques 1992, les tourelles sont remontées en 1993, et le 15 décembre 1998, les deux grandes portes latérales refaites à l'identique sont remises en place.


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